Ch. 1

 

 

Une balade

 

Nous vous proposons de faire un bout de chemin ensemble pour découvrir l’histoire, ou plutôt des petites histoires de notre village, au travers de textes, de cartes, de documents d’archives glanés çà et là.

Cette découverte de Selaincourt se fera à l’image d’une balade où le regard passe d’une fleur à un oiseau, d’une pierre à un arbre... Sans transition, au fil des pas, au fil de nos trouvailles.

Mais, au cours de cette balade, il nous faudra fournir quelques efforts ; comme un joli point de vue se mérite par une pente à gravir, comprendre le passé nécessite parfois de faire un peu d’Histoire.

Alors si vous êtes décidés à nous emboîter le pas, allons-y !

 

En guise de programme

Les différents thèmes que nous proposons de développer tout au long de ces pages sont évoqués dans l’extrait d’un document [1], daté de 1709.

 

Selaincourt : Bailliage[2] de Nancy

Le village de Selaincourt est au soleil levant et presque au bas de la montagne de la Loge et est éloigné d’une grande lieüe et demie de Vézelize entre le midy et le couchant.

La paroisse est composée du village de Selaincourt ou est l’église paroissiale, qui est divisé en deux dont celuy ou est l’église se nomme rue de l’Eglise, l’autre partie qui est éloignée de deux ou trois cent pas au moins de l’église, se nomme la rue de l’Abbaye à cause, à ce que disent les anciens qu’il y avoit autrefois une abbaye qui pourroit être une espèce de prieuré, dont on n’a pu dire le nom, et qui étoit à ce qu’ils disent de l’ordre de Saint-Benoit dépendant de l’abbaye de Saint-Epvre, et l’on assure qu’il y a encore des vestiges de caves et autres bâtiments.

Comme en effet Selaincourt est encore dépendant de l’abbaye de Saint-Epvre en plusieurs choses comme on dira cy-après.

Le hameau de Dolcourt est dépendant de cette paroisse pour le spirituel[3], dont il est éloigné d’un bon demi quart de lieüe, au levant de Selaincourt.

[...] "

L'examen des cartes anciennes permet de compléter la description d’un village à l’écart des axes de circulation.

La carte des " Naudins "[4]

et celle de " Cassini "[5]

montrent que l’implantation de Selaincourt répond à une pratique courante en Lorraine : celle des " villages sous les côtes ".

" Les sites d’habitats les plus recherchés furent toujours au contact de plusieurs terroirs aux aptitudes complémentaires. Les vallées plus ou moins encaissées, les talus des côtes, détiennent aujourd’hui encore les records de densité rurale.

Les villages " sous les côtes " par exemple empiètent largement à l’amont sur le plateau forestier qui les domine, à l’aval sur les terroirs de plaine, mis en culture ou en prairie. Quant au talus lui-même, bien ensoleillé et abrité des vents dominants d’ouest, il convient aux cultures plus délicates, en particulier à la vigne[6], jusqu’à une époque récente du moins. Non dans sa partie haute où la corniche calcaire commande une pente trop forte mais au-dessous, là où se sont accumulés aux périodes froides du quaternaire, les éboulis calcaires, " les groines ", qui donnent aux fronts des côtes un profil concave si caractéristique.

La pierre est ici disponible sur place[7] de même que l’argile ; les sources abondent[8].

On comprend pourquoi les hommes se sont installés si nombreux. "[9]

Cette description ne s’applique t’elle pas parfaitement à notre village blotti à l’abri de sa côte ?

 

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