Ch. 3

 

 

Les alentours du village

 

Une promenade dans les rues de Selaincourt ou les chemins alentours provoque toujours les mêmes interrogations sur la transformation du village et de la campagne environnante au fil des siècles. Hélas, les documents apportant des réponses précises sont peu nombreux et relativement récents.

De plus, à la lecture des ouvrages traitant de l'histoire lorraine, un mot vient immanquablement à l'esprit : troublé !

Notre passé a été troublé. Et ce mot n'est pas excessif !

C'est ainsi que, années après années, ses marques sont devenues aussi discrètes.

Mais pour qui à les pieds ancrés dans un terroir comme le nôtre, une visite des alentours, même avec un peu d'imagination, est une promesse de découvertes enrichissantes.

 

Au fil de l'eau

 

Le rôle de l'eau a été essentiel pour façonner le paysage qui nous entoure ; ses sources ont décidé de l'implantation du village. Nous pouvons donc lui rendre justice, et suivre son cours pour découvrir notre petit bout de Lorraine.

 

L'Uvry (1)

L'Uvry[1] est le premier ruisseau de Selaincourt par l'importance de son débit. Le " Chemin de Crépey à Goviller " longe l'Uvry sur toute la traversée de la commune, soit 940 mètres. Son cours a d'ailleurs été dérivé au XIXe lors de la construction de la route départementale n° 12, de Verdun à Mirecourt.

L'Uvry, jusqu'au XVIIIe siècle, était dit aussi ruisseau " devant Létanche " :

Décisions du procureur de Roi

[...] faire construire à neuf un pont en une arche en maçonnerie sur le ruisseau dit devant Létanche sur leur finage[2].. " (daté du 10 septembre 1770)

Aucun pont n'existait pour le franchir et à cette époque ; le Ruisseau d'Uvry devait avoir un débit beaucoup plus important qu'aujourd'hui, comme en atteste ce document daté du 2 juin 1770 :

Constat d'un inspecteur des ponts et chaussées

Le ruisseau dans cette partie est extrêmement dangereux et même impraticable ; pourquoy il conviendroit d'y établir un pont qui auroit 18 pieds[3] dans son oeuvre. "

 

Le ruisseau du Poncé (2)

Le ruisseau du Poncé actionnait le moulin du village. Les eaux du " Fossé de Thalvey "(5), situé entre les Grands Jardins et le moulin l'alimentaient. Elles étaient rejointes par celles de la fontaine de Selaincourt[4], qui transitaient par l'ancien gayoir de la rue du Moulin (près de la mairie actuelle) et par le canal d'amené du moulin. Depuis ce dernier et jusqu'à l'Uvry, le ruisseau du Poncé rencontrait sur sa gauche le " ravin du Rouau " et le " Ruisseau de la Nouelle "(4) qui descend des bois, et ensuite passait sous la passerelle des Brebis.

Le ruisseau du Poncé appelé aussi ruisseau de Selaincourt, devait être curé depuis son origine jusqu'à la passerelle " des Brebis ".

 

Le ruisseau de Bannonvaux (3)

A gauche, après le cimetière, la route de Dolcourt, ou " Chemin des Friches "[5] franchit le " Ruisseau de Bannonvaux ". Peu avant le pont, se raccorde le " Chemin de Saurupt "[6]. Le Ruisseau de Bannonvaux est appelé parfois ruisseau " de la Laxières " ou " de la Lochère ". Du chemin de Saurupt à l'Uvry il mesure 1350 m.

Les ruisseaux qui parcouraient la commune et alimentaient les moulins devaient être régulièrement entretenus. Les textes montrent que leur curage ainsi que les boues produites par ce curage étaient cédées aux particuliers moyennant finances.

 

L'eau et la vie des hommes

 

Les plaintes des habitants évoquant les problèmes d'eau reviennent régulièrement dans les archives ; ces plaintes concernent parfois la nature.

 

Les inondations

Les rigueurs du climat, de l'année 1809 ont fait en effet l'objet de plusieurs plaintes :

(du 15 mai 1809)

Sur le danger qu'il y a d'avoir des inondations d'eau dans cette commune et ce à la rue du Bois, par la rapidité d'un chemin où les eaux s'écoulent ; ce qui serait dans ce cas d'écrouler la majeure partie des maisons de cette rue[...]

[...] utiliser les dits chênes pour être employés en bouchons dans le chemin dit de la Grande Chalade. "

En 1809, le 15 juin à 4 heures du soir, il y a eu un orage affreux qui a inondé toute la commune, renversé deux murs de maisons, celle de M. Prudhomme et celle de M. Magnier, cinq vaches noyées et quantité de moutons. "

Comme en atteste l'extrait du texte suivant[7] daté de 1738, les rigueurs du climat et la rudesse du pays étaient aussi parfois utilisées pour justifier des arrangements pris par la communauté du village au dépend du seigneur du lieu.

Desclaration faite par moy Nicolas Henry maire en la haute justice de Selaincourt, despendant de l'abbaye de Saint-Evre les Toul, office de Gondreville, de tout ce qui appartient à laditte communauté

[...]

Desclare aussy avoir trouvé en tittre d un canton appelé Tres dely, contenant environ 50 jours[8] ; ledit tittre en datte du 16 juin 1692. Lequel canton étoit autrefois en bois, et par rapport à l ingratitude dudit terrain et fertilité dyceluy ne produisoit que ronces et espines, laditte communauté en fit partage entre elle et cela en partie pour prévenir les accidents facheux qui seroient arrivés plusieurs et différentes fois au village dudit Selaincourt occasionné par ledit canton. Comme ledit canton est situé sur une cotte fort élevée et le village situé en bas, lorsquil y avoit quelque orage de pluie, l eau ne pouvant entrer en terre et coulant le long de la cotte venoit avec tant de rapidité audit village, et entrainant avec luy quantité prodigieuse de grosses pierres que cela auroit renversé des maisons les unes entièrement et d autres en parties. Ce que voyant la communauté et prévoyant que cela pourroit provenir de ce terrain cest pourquoy elle résolut dy mettre la charrue et par ce moyen donner lieü aux eaux dentrer en terre ; et par rapport à l'ingratitude dudit terrain il y en auroit eü qui négligeoient de cultiver leurs parts, à quoy on les auroit obligé de faire pour obvier aux malheurs tant de fois arrivés. "

 

L'approvisionnement en eau

Les difficultés des habitants, liées à l'eau, ne se limitaient pas seulement aux inondations et autres catastrophes naturelles. Les affaires concernant l'approvisionnement en eau étaient souvent abordées ; la réparation des fontaines, des aqueducs, etc. si souvent évoqués, montrent que l'eau était un problème crucial.

Le village disposait de trois fontaines principales, la fontaine de la rue de l'église, qui alimentait le gayoir de la rue du moulin par l'intermédiaire d'un aqueduc, celle de Voicieux et enfin celle de Chaville[9] Un second gayoir existait rue Bois.

Un texte daté de 1809 donne une description du piteux état dans lequel se trouvaient ces ouvrages au début du XIXe siècle.

Ce jourd'huy sept mars dix huit cent neuf

Je soussigné François Charpy architecte de la ville de TOUL, expers désigné par Monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de Toul, à la demande du maire de la commune de Selaincourt, à l'effet de procéder à la visite, reconnaissance et estimation des ouvrages de constructions et réparations à faire aux établissements existants [...]

Les fontaines de cette commune ayant été négligées fait qu'une partie des eaux vifs réunis dans les différents bassins, s'en échappent vu la difficulté qu'elles éprouvent dans le trajet qu'elles ont à parcourir pour arriver à leurs destinations, cette difficulté causée par l'engorgement de leurs conduits et files de corps, ainsy que de leurs mauvaises constructions, ce qui a été reconnu d'aprés les diverses épreuves.

  • Fontaine et lavoir couvert rue de l'Eglise

La pyramide en partie détruite, sera reconstruite à neuf, dans les formes et proportions de l'ancienne[...]

Le bassin du lavoir joignant cette même fontaine ne retient plus les eaux, il sera démoli avec précaution[...]

Le mur saillant formant une partie de l'enceinte du lavoir est éboulé[...]

La charpente et la couverture au dessus de l'enceinte menace ruine, elle sera démolie[...]

  • Fontaine et lavoir de Voisu

Cette fontaine vu les causes en devant énoncées exige un travail aussy suivi que la précédente, les eaux du bassin du lavoir attenant à cette fontaine n'ayant d'autre écoulement qu'un canal construit en maçonnerie ordinnaire en partie détruit, fait que les eaux se trouvent interceptées dans leur cours, les forcent de se répendre dans les parties environnantes, et causent un préjudice aux maisons y contigues[...]

  • Fontaine du Chaby

Les conduits de cette fontaine en tête du bassin sont entièrement détruits ce qui fait que les eaux au lieu d'arriver dans le bassin se répandent dans des vignes des environs et nuisent à la propriété, leurs reconstruction est indispensable[...]

  • Gayoir

Les murs du gayoir dépouillés en partie de leur crépis, seront repiqués au vif pour ensuite être renforcés et crépis en bon mortier[...] "

 

La source Paramelle

En mai 1848, la commune a eu recours aux services de l'Abbé Paramelle[10], moyennant une somme de 50 francs, pour la recherche d'une source. Cette recherche fut fructueuse puisque, le 1er octobre 1848, le conseil municipal décide :

" [...]qu'il soit procédé à la recherche de la source indiquée par l'abbé Paramelle et demande que l'opération de fouille soit fait par voie d'économie au profit des ouvriers de notre localité qui à l'entrée de la saison prochaine vont se trouver sans ouvrage. "

Le 23 juillet 1921 un autre projet de recherche de captages d'eau destinés à alimenter les fontaines est établi.

 

L'adduction d'eau

En avril 1937 le conseil décidait l'attribution de la suite des travaux d'adduction d'eau, commencés vers 1935 (2e et 3e lot, canalisation et réservoir). Le financement se fit grâce à un emprunt remboursable sur 30 ans. La première tranche avait déjà été financée par l'emprunt.

En juin de la même année, le conseil statuait afin d'accorder des facilités de paiement sur 10 ans aux habitants qui ne pouvaient pas payer le raccordement.

Le passage au 40 heures de travail hebdomadaire eut des conséquences imprévues en Juillet 1937 : le prix du réservoir augmenta. La commune se portait acquéreur des terrains sur lesquels sont fait captages et réservoirs.

Le montant des travaux subit une nouvelle hausse en novembre 1937.

 

Trois Moulins et une Tuilerie

 

Reprenons maintenant le cours de l'eau depuis les Grands Jardins, par le fossé de Thalvey. Il va, après avoir franchi la digue, actionner la roue du moulin de Selaincourt.

Il y eut jusqu'à trois moulins sur le ban[11] de Selaincourt. Le point commun entre tous est qu'aujourd'hui il n'en subsiste plus le moindre pan de mur. Les derniers vestiges en sont disparus vers le milieu de ce siècle.

 

Le moulin de...

la rue du Moulin

L'accès au premier moulin se faisait en descendant la rue du même nom. Il était situé sur le ruisseau du Poncé[12], à gauche de la rue, un peu en avant du pont ; comme le montre l'extrait du cadastre de 1831, il était adossé la digue de retenue des eaux dont il subsiste la trace encore aujourd'hui.

Le moulin et ses dépendances appartenaient au " Sieur abbé de Saint-Epvre ". Ils ont été vendus après la révolution, le 27 février 1792, comme biens nationaux à un particulier, nommé Anthoine.

Le moulin a finalement été détruit par un incendie. Les derniers propriétaires ruinés seraient parti au Canada. Un des descendants serait revenu au village, il y a quelques années, à la recherche de ses origines.

 

La Tuilerie (4)

En cheminant vers l'Uvry, le ruisseau de Poncé passait au pied de la tuilerie du village. Elle était située entre le chemin de Narroux et le ruisseau.

Hélas, il n'est pas plus de restes de la tuilerie que des trois moulins. Elle était signalée, à la fin du XIXe siècle par la monographie des instituteurs au lieu-dit " les Tuilottes " où, en 1865, il restait encore quelques vestiges, datés de l'époque romaine[13]. De bien pauvres vestiges en fait car les Archives de la Cour des Comptes de Nancy soulignaient qu'en 1645 la tuilerie était ruinée et complètement détruite "[14] et en 1651 que les héritages dépendants de la tuilerie de Selaincourt n'ont pu être reconnus à cause des courses continuelles des gens de guerre dans le comté pendant cette année, qui ont rendu le village inhabitable "[15].

Henri Lepage cite également ce triste épisode[16] : En 1650, le receveur du domaine de Vaudémont remontre que les gens de guerre , tant d'un parti que de l'autre, ont toujours été en campagne jusqu'à présent, et que les héritages dépendant de la tuilerie de Selaincourt sont demeurés en friche à cause des malheurs du temps. ".

Au XVe siècle, la tuilerie faisait partie du patrimoine industriel des comtes de Vaudémont[17] :

Le comte de Vaudémont qui occupait un pays de caractère avant tout rural ne posséda en fait d'industrie que celle que l'on rencontre encore actuellement dans la région, des tuileries. Au XVe siècle, il y avait des tuileries à Favières, Thélod, Selaincourt. Mais la plus importante était celle qui est connue par les registres de comptes sous le nom de tieullerie d'Arragon, établie à l'endroit appelé aujourd'hui Ragon sur le territoire de la commune de Goviller.

L'exploitation de ces tuileries était adjugée au plus offrant toujours pour trois ans, moyennant une redevance en nature variant de douze à quinze mille tuiles par ans. Le comte de Vaudémont donne quelquefois le revenu de ses tuileries à des établissements religieux.

[...]

En 1463, l'abbé de St-Epvre de Toul doit chaque année à la Saint Remi une quarte de vin à cause de la theuillière de Selaincourt. "

 

Le Vieux Moulin

A peu de distance de l'endroit où le ruisseau du Poncé se jette dans l'Uvry, se trouve le lieu-dit " le Vieux Moulin ". Les seules traces de ce moulin[18] au XIXe siècle étaient la digue de retenue des eaux ; sa présence est attestée par les Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine de 1865 . Certains habitants de Selaincourt précisent que des tronçons de cette digues subsistaient encore récemment, lors de la rectification des fossés.

 

Le Thiery Moulin

Ce moulin[18} se trouvait sur l'Uvry, plus en aval du Vieux Moulin. Bien que proche de Goviller, il était situé sur le ban de Selaincourt. Les archives de la Cour des Comptes de Nancy renferment une intéressante description de ce moulin datée du 17 mars 1781. Cette description a été effectuée lors de la Visite dudit Thiery Moulin sur le ban de Selaincourt par Charles Martin, ingénieur des ponts et chaussées et inspecteur particulier des bâtiments et usines du roi ".

En cette fin de XVIIIe siècle, le moulin était une copropriété :

Le roi est propriétaire du premier quart.

Les trois quarts restants appartenaient à Messieurs :

  • Gabriel Florent François, comte d'Autrey, marquis de Frolois
  • Didier Comte d'Ourches, Marquis de Tantonville
  • Charles Christophe de Cossu Seigneur en partie de Pulligny

Jean Antoine était censitaire[19] dudit moulin. "

Le document décrit également son très grand état de délabrement.

Les habitants rapportent que les derniers vestiges du Thiery Moulin ont été détruits vers le milieu du XXe siècle. Il en reste aujourd'hui seulement quelques pierres.

Mais nous nous égarons ! Nous voici en vue de Goviller alors que nous avions promis une visite de Selaincourt. Revenons sur nos pas, vers le " Vieux Moulin ", et regagnons Selaincourt par le chemin de " China ".

 

Les chemins

  Le chemin de China (3)

L'arrivée au village, depuis l'Uvry, se fait par le " Chemin de China "[20]. Il portait également le nom de " Grand chemin des Vaux "[21] et, comme le montre le rapport d'un inspecteur des ponts et chaussées daté du 1er juin 1770, il est une des voies d'accès essentielles au village :

Chemin de Selaincourt pour communiquer à la chaussée de Vézelise à Toul :

Ledit chemin sur la longueur de 650 toises de Lorraine[22] (1860 m) est tellement essentiel à la dite communauté pour son commerce avec les villes de Toul, [...] qu'il est constamment évident qu'elle perd annuellement au moins pour la valeur de 1000 écus de blé, à cause du mauvais état dudit chemin, tellement reconnu à la dite communauté qu'elle a commencé à faire un bout dudit chemin une forme de chaussée d'environ 100 toises (286 m) de long avec des fossés de part et d'autre pendant cet hiver et se propose de faire des fossés sur toute la longueur de part et d'autre dans le courant du présent mois.

[...]Propose de mettre en forme le chemin par un empierrage de moêlons[...] "

 

La voirie

Les plaintes formulées par les habitants à l'encontre de leurs prochains montrent que les problèmes de voirie ont, depuis toujours, beaucoup préoccupé les habitants de Selaincourt. C'est ce que confirment les différentes archives disponibles.

[...]que le village, étant situé dans une gorge, souffre beaucoup des villages voisins qui viennent pour leurs différentes voitures, déchirer leurs chemins communaux : ladite paroisse supplie sa majesté d'ordonner (que) ces villages viennent les aider à raccommoder leurs chemins. "[23]

La population était très impliquée dans l'entretien des chemins ; non seulement à l'intérieur de la commune, mais également dans toute la région.

En effet, avant la révolution, la communauté du village devait se mettre à la disposition de la collectivité pour des travaux sur les ponts et les chaussées, comme le précise cette plainte de Jean Bernard Henry, curé de Selaincourt et Dolcourt, datant du 15 octobre 1761 :

Les causes des décroissements et diminutions qui sont arrivés depuis 25 ans sur les labours, tant à Selaincourt qu'à Dolcourt, proviennent des ordres fréquents qu'on reçoit pendant le cours de chaque année, de se transporter avec chariots, tombereaux et chevaux, boeufs et vaches attelés après lesdites voitures, tantôt pour convois, tantôt sur les ponts et chaussées, surtout d'une grande distance, notamment dans les bois de Haie, Pont-Saint-Vincent et autres lieux, ce qui occasionne dans les temps mêmes les plus favorables à la culture, des absences de 8 et souvent 15 jours, d'où il arrive que les chevaux mai nourris et autres bestiaux étant de retour, ne sont plus en état de donner les cultures nécessaires, et meurent quelques jours après, ce qui occasionne la ruine de plus de la moitié des laboureurs tant à Selaincourt qu'a Dolcourt ; enfin les inondations fréquentes et les longues sécheresses n'ont pas peu contribué à ce mal. "

Une autre demande était formulée le 20 octobre 1769 :

Rapport de Monsieur Husson

Inspecteur des ponts et chaussées

La communauté demande l'exemption des travaux publics des ponts et chaussées pendant quatre ans autres néanmoins que ceux de leur entretien sur la route allant à Vaucouleurs, pour les mettre à même de rétablir leurs chemins communaux qui sont si mauvais et si impraticables qu'ils ne peuvent même tirer de leur finage la récolte de leurs denrées. Notamment celui allant sur la chaussée au dehors de Crepey sur la longueur d'environ une demie lieue lequel est si fongieux et marécageux que pendant cette campagne même, ils ont eu le malheur d'y voir périr une fille et trois chevaux. "

A la fin du XIXe siècle le territoire de la commune est traversé par plusieurs voies de circulation :

  • la route départementale n° 12 (de Toul à Mirecourt),
  • le chemin d'intérêt communal n° 51 (de Colombey à Aboncourt), qui parcours les bois de la commune sur 2150 m,
  • les quatre chemins de petite vicinalité : le chemin n° 1, de Selaincourt à Crépey (1670 m) ; le n° 2, de Selaincourt à Dolcourt (400 m) ; le n° 3, de Selaincourt à Colombey (550 m) ; et enfin le n° 5, de Colombey à Favières (2350 m).

 

En 1856 : Le conseil municipal est d'avis que le chemin de China, celui de Dolcourt et celui allant de Selaincourt à Colombey, à partir du sommet de la côte jusqu'au bois de Crépey, soient bordés de deux lignes d'arbres d'essence convenable à la nature du terrain et plantés à distance de 20 mètres l'un l'autre sur chaque ligne. "

Le pavage de la rue de l'église et du moulin est décidé en décembre 1843 ; un devis est daté du 6 février 1844 ; celui de la rue du bois, en décembre 1849. Il est terminé en 1851.

 

La nouvelle route

Les anciens du village confirment que, dans leur jeunesse, la " nouvelle route " ne méritait déjà plus son qualificatif. Elle date, en effet, de la fin du XIXe siècle.

La nécessité de doter le village d'un chemin plus praticable que les chemins de Go (5) ou des Vaux (6) devenait impérieuse. L'alternative se résumait alors soit à agrandir le chemin de Go (actuelle rue de la Ferrée), qui présentait l'inconvénient de se raccorder à angle droit avec la rue de l'église, soit à tracer un nouveau chemin qui la prolongerait. Cette deuxième hypothèse a finalement été retenue ; elle semblait la plus adaptée au moyens de transport futur, sans doute plus rapides que les charrettes tirés par des bœufs ou des chevaux.

Un premier rapport daté du 18 juillet 1886, avec plans et devis concerne ce projet de construction d'un embranchement du chemin vicinal n° 3 sur Colombey les Belles. Le conseil municipal refuse alors de financer le projet en rajoutant une 3e journée de prestations[24] car cela imposerait une charge qui ne lui paraît pas justifiée à des prestataires trop nombreux indigents et nécessiteux ". Le conseil municipal autorise la création de cet embranchement sans avoir résolu l'épineux problème de son financement.

Le 3 août 1887, la troisième journée de prestation est finalement adoptée et le 14 avril 1888 la commission départementale déclare l'embranchement de Selaincourt à Colombey d'utilité publique.

Les préoccupations du XIXe siècle, concernant la vitesse des véhicules modernes se sont confirmées et certains des bolides, traversant le village de nos jours, n'ont sans doute pas le temps d'en apprécier tous les charmes.

Dommage, car bien des choses sauront se révéler à qui préfère adopter une allure plus modérée pour le traverser !

 

¯ ¯

¯